vendredi 28 février 2014

66. Pourquoi tu t’emmerdes à en vouloir un second ? Tu peux pas te contenter d’un seul ?

(Et sa variante : « Tu peux pas te contenter de deux, de trois, de quatre, de dix… ? »)

Bof, ça doit sûrement être encore une lubie ou je sais pas trop quoi… Ah non, ça a un nom ! Arf, c’est quoi déjà ? Ah oui, ça y est, je me souviens ! Cela s’appelle : le désir d’enfant.

Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, je fais un petit topo explicatif :

Le « désir d’enfant » est un merveilleux sentiment viscéral et inexplicable. Il survient généralement à un moment inattendu dans une vie, un moment propice ou non, et s’installe dans le cœur d’une femme ou d’un homme (parfois, les deux ! Et oui, truc de fou, ça s’installe aussi chez des couples ! Bah ça alors !).
Il est très fort quand il arrive pour la première fois, de plus en plus fort même… Et lorsqu’il est ancré depuis un peu trop longtemps, il peut faire naître d’autres sentiments beaucoup moins sympatoches comme l’envie, l’impatience, la tristesse, la dépression (bon, j’arrête, la liste est un peu trop longue).
Je disais donc qu’il est très fort quand il arrive pour la première fois. Cependant, le truc super vicieux, c’est qu’il revient parfois à la charge… C’est genre, le sentiment qui ne sait pas savourer ce qu’il a, quoi, et qui en veut toujours plus ! Nan, mais j’vous jure ! Faut se le fader des fois ! Ce qui est chiant, c’est que je le répète : c’est viscéral et inexplicable ! Pas moyen de le raisonner !

Perso, j’ai essayé. Je lui avais pourtant bien dit :
Écoute-moi bien « désir d’enfant n°2 », si t’étais en Chine, est-ce que tu viendrais m’embrouiller la tête et le cœur comme ça ? Non ! Alors t’as qu’à faire comme si t’étais là-bas, OK ?

Mais macache, oui ! Le « désir d’enfant  n°2 » était rebelle, têtu, et pas fou ! Il savait très bien qu’on n’était pas en Chine, alors on n’allait pas la lui faire, à lui…
J’ai donc capitulé, et je l’ai laissé s’installer et me ronger l’os jusqu’à la moelle ! La seule solution pour m’en débarrasser était de retourner en PMA pour faire un bébé 2, et puis c’est tout !
Et ça, c’est valable aussi pour les bébés 3, 4, 10… (pire que la gangrène !)

Non, mais c’est vrai qu’on devrait se contenter de ce qu’on a ! D’ailleurs, on ne devrait jamais rien tenter dans notre vie et savoir se satisfaire que de ce qu’on a, même quand on n’a rien !

Reste à savoir qui est mieux placé que nous-mêmes pour juger de quoi nous devons nous contenter…


dimanche 23 février 2014

65. Adopte un de ces enfants dont personne ne veut…

 Suite à l’article précédent (ici), voici donc ce que la société propose, afin que tout le monde soit heureux :
— Au lieu de coûter si cher à la communauté avec leurs traitements hors de prix, les infertiles feraient mieux d'adopter ces enfants dont personne ne veut ! Après tout, s'ils sont stériles, ce n'est pas de notre faute, ce n'est pas à nous de payer leur caprice ! *

Voilà, vous l’aurez compris, plutôt que de trouer les poches de la sécu, nous ferions mieux d'adopter « ceux dont personne ne veut ». Entre rejetés, handicapés de la vie, nullipares, autant nous regrouper tous ensemble... et ainsi, cesser de faire toujours payer les mêmes pauvres gens de la société !

Il n’empêche qu’il reste légitime à chacun de tout tenter pour obtenir un petit bout d’elle + un petit bout de lui. Cela ne devrait pas avoir un « prix ». Cette solution proposée, si simpliste, reste basée sur la méconnaissance et l’ignorance, encore une fois.

Ce que je retiens là-dedans, c’est qu’il ne faut pas en vouloir aux personnes tenant ces odieux propos. Ce n’est pas de leur faute s’ils ont été bercés trop près du mur…

Quant à ces enfants, dont personne ne veut, ils valent certainement bien mieux que ces gens qui ne veulent personne de différent.

* Les situations de ce récit étant purement réelles, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne serait pas du tout fortuite.


jeudi 20 février 2014

64. Tu coûtes cher à la société !

Ben oui, les infertiles coûtent cher à la société !

Rassurez-vous, chers infertiles, la société vous dira rarement cette phrase en face ! En effet, il est bien plus facile de cracher son venin sur internet, via des commentaires désobligeants, outrageux et méchants, en utilisant des pseudonymes derrière lesquels la société peut se cacher pour se mettre à l'abri.

La société en a ras-le-bol que nos traitements soient « généreusement » financés par eux, tout comme la société en a ras-le-pompon d'aider les plus défavorisés (ben voui, z'ont qu'à bosser ces fainéants de chômeurs !), et de payer ces espèces de branleurs de fonctionnaires ! La pauvre société en a marre d'être le porte-monnaie de son pays et a le sentiment de ne jamais rien recevoir des autres ! Elle, qui est pourtant si généreuse...

La société, représentant le pays des droits de l'homme, clamant fièrement sa devise « Liberté, égalité, fraternité », oublie toutes ses valeurs premières lorsqu'il s'agit d'argent.

Vouloir un enfant de notre chair est, pour eux, un caprice. Un caprice qui coûte cher à notre société, déjà tellement en crise.

Chère société, là, tout de suite, je regarde mes bébés éprouvettes, l'un est entièrement financé par vos soins (bon, et les miens aussi, je cotise hein !) et l'autre l'est en grande partie (mais pas entièrement), mais m'a quand même coûté un bras. Et tout ce que j'ai envie de vous dire, là, tout de suite, c'est : pensez à nous le jour où, parce que vous fumez, buvez, ne faites pas assez de sport ou ne mangez pas bio, vous serez atteint d'une grave maladie ! Ce jour-là, ce seront aussi les infertiles (et leurs enfants qui vous auront coûté si cher), qui paieront vos précieux traitements... Eh oui, la roue tourne, ne l'oubliez pas.


Note de l’auteure : dans l’article suivant, vous verrez ce que propose la société pour satisfaire la totalité de la population…


lundi 17 février 2014

63. Oh, t'es enceinte, c'est super chouette ! Mais... tu l'as eu toute seule ?

Vous êtes en Assistance Médicale à la Procréation car vous rencontrez des soucis pour concevoir. Votre famille est au courant, vos amis le sont aussi. Très bien !
C'est la galère, la grosse galère, et puis un jour, ô joie, le miracle arrive enfin !
Lorsque vous décidez de l'annoncer, c'est souvent avec des pincettes que vous le faites, car il est fréquent qu'arrivent quelques petites phrases évoquées auparavant. Et puis, il y a celle-ci, qui n'est pas méchante bien sûr, juste mal formulée (« toute seule » signifiant « naturellement »). Quand une « Pmette » me l'a racontée, je me suis bidonnée de cette énorme maladresse. Plutôt que de donner une réponse banale, je vous propose plusieurs autres possibilités qui vous permettront d'en rire, avec votre ami(e) si il (ou elle) a de l'humour :

Non, je l'ai eu avec le voisin !
Non, je l'ai eu avec le chien... D'ailleurs, c'est pour cela que ça a marché !
Presque !
Oui, toute seule ! Du coup, à partir d'aujourd'hui, appelle-moi « Immaculée Conception ».

Ce qui est bien avec ces réponses-là, c'est que c'est un peu comme dans un restaurant Subway : vous pouvez l'arranger à votre sauce, selon vos goûts et vos humeurs ! Amusez-vous bien ! 


vendredi 14 février 2014

62. Mais tu t’en fous en fait ? Parce qu’on dirait que ça ne te fait rien que ça ne marche pas…

Ben disons plutôt que si je m’écroule complètement (et il serait très facile de le faire), je ne vois pas très bien comment je pourrais continuer à avancer…

J’ai des bas, beaucoup de bas, et lorsque je me trouve au fond de ce gouffre, je m’y terre, parfois. Tu crois que je ne pleure jamais ? Ne sais-tu pas que souvent, derrière un sourire se cache une épouvantable douleur ? Une souffrance que nul (y compris toi) ne veut réellement voir, tant elle est gênante. Je souris donc, pour ne pas pleurer…

Mais j’ai aussi des hauts, grâce à mes amis, réels ou virtuels, mais aussi, grâce à cet espoir qui me nourrit chaque jour. Car oui, j’espère que ce combat ne sera pas vain.

Cela s’appelle un moral en dents de scie, des montagnes russes ou la grande roue. Je descends, puis je monte, je redescends, puis je remonte…
Je frôle la dépression après avoir touché, du bout des doigts, ce petit bonheur auquel j’ai droit. Et je me relève, à chaque fois.
Non, je ne m’en fous pas. Si, ça me fait mal.

Et si tu me connaissais mieux, tu ne poserais pas cette question, car tu saurais déjà tout ça.
Et sans même que j’ai besoin de te le dire, tu le lirais dans mes yeux, car eux, ils ne savent plus sourire…  


mardi 11 février 2014

61. P’t’être que si ça ne marche pas, c’est que vous ne faites pas « tagada-tsoin-tsoin » assez souvent et que du coup, les spermatozoïdes sont moisis…

J’ai tellement envie de rire que j’en ai énormément de mal à me vexer. D’ailleurs, allez, pour cette fois, ne nous vexons pas, et rions tous ensemble de cette phrase si fantasque.

Donc, n’oubliez pas de copuler assez souvent pour éviter l’apparition de champignons susceptibles de rendre les combattants ramollos du bulbe…

Sinon, j’me demandais : ça ressemble à quoi au juste, un spermatozoïde moisi ?


samedi 8 février 2014

60. Snif, c’est mon second mois d’essai et j’ai toujours pas de bébé… Tu voudrais pas me consoler ?

Aucun problème ! Je suis la reine des consolatrices, le mur des lamentations, le bureau des pleurs ! Alors, second mois d’essai, tu dis ? Hum, je vois… Ben, je crois bien que tu es infertile ma pauvre… C’est pas possible autrement ! Ben quoi, ne fait pas cette tête ! La preuve que tu es infertile : moi aussi j’étais comme toi, au second mois d’essai j’avais toujours pas de bébé ! Et 6 ans après, toujours pas non plus ! Donc, je suis désolée de t’annoncer ça, mais c’est foutu, là… Mais ne t’inquiète pas, dans ton malheur, tu as une chance inouïe : tu me connais ! Donc, je vais de ce pas te montrer comment te faire les injections d’hormones. Je pourrai même te faire la première si tu veux, j’adore jouer aux fléchettes, j’suis trop forte à ce jeu ! Ben… où tu vas ? Tu pars déjà ? Oh, d’accord ! En tout cas, j’suis bien contente, tu ne pleures plus, ça veut dire que je t’ai remonté le moral, c’est cool ! Reviens quand tu veux, hein ! Bisouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus !


dimanche 2 février 2014

58. Moi, je n'ai pas ce problème, donc ça ne m'intéresse pas !

Phrase assez similaire à celle de l'article 32.

Pour ma part, je vais vous raconter le contexte dans lequel j'ai entendu cette charmante réflexion :

Je me trouvais au travail, toute heureuse car je venais tout juste de sortir le tome 2 de « Un GPS pour la cigogne ». Je voulais ce livre parfait. J'y avais donc mit beaucoup d'énergie. Ça m'avait prit énormément de temps. Il avait monopolisé toute ma vie l'espace de quelques mois.... Bref !
J'étais donc toute fière, un peu comme une poule qui venait de pondre un œuf. Moi, j'avais pondu un bouquin, quoi ! Ce n'était pas rien ! Pardi !
Me voici donc en train de tirer des plans sur la comète :
À moi la gloire, la célébrité et la reconnaissance suprême ! Ce bouquin est tellement « génialissime » qu'il donnera presque envie à tout le monde de devenir infertile ! (bon, OK, j'exagère, j'avoue)

C'est alors que je croise l'un de mes collègues. Toute excitée, je lui demande :
— Salut ! Dis, je viens de sortir mon dernier chef d'œuvre bouquin. J'y raconte ce qu'a été mon parcours du combattant pour avoir mon second enfant. Ça te dit de le lire ?

Il hausse un sourcil, jette un œil inquiet sur mon livre (comme s'il allait lui porter malheur...) et me répond sans ménagement :
— Euh, non ! Moi, je n'ai pas ce problème, donc ça ne m'intéresse pas !

Je me retrouve en mode :


tant et si bien que j'aurais pu gober 2 kilos de mouches en une seule fois !

Il a été honnête. Ça, on ne peut pas le lui reprocher. Il a dit tout haut ce que pensent tant de gens tout bas. Mais il est certain que le tact n'est pas son fort...
J'ai pas pensé à lui dire que moi, j'en avais rien à foutre de ses histoires de vélos et que du coup, je ne me forcerai plus à l'écouter s'apitoyer... J'suis trop sympa aussi, mince, pff !


PS : Sans même le savoir, il avait raison le bougre : infertile il ne l'était point, puisque quelques mois plus tard, sa chérie a eu un ++ au premier cycle d'essai, ce qui m'a valu de sa part, cette fameuse réplique :
Oh merde ! Ça alors, on pensait pas que ça marcherait si vite !
Peut-être que s'il avait lu le livre, il aurait fermé sa bouche...(peut-être...)